La Famille DELPORTE

Connaissance du village : en janvier 2003, le plus ancien agriculteur de Bachy nous quittait à l’âge de 97 ans : M Jules DELPORTE témoin d’un type d’agriculture aujourd’hui disparu.

La ferme Delporte, rue de la Fraternité, est une exploitation familiale dont on retrouve les premières traces vers 1690. Le corps de logis a été refait en 1928. C’est le propriétaire de l’époque qui a charrié avec ses chevaux la chaux venant de Tournai pour construire les bâtiments

Cette ferme a été reprise par M Jules DELPORTE en 1937 lors de son mariage avec Geneviève LACQUEMENT venant de Saméon. Cette cense, depuis toujours la propriété des Delporte, avait à l’époque un cheptel de 5 vaches, 2 génisses et 4 cochons, la norme pour une exploitation de 12 hectares. Les travaux des champs étaient assurés par un attelage à 2 chevaux. La commercialisation des produits était locale, vente au détail pour le lait, beurre, vente du bétail chez les bouchers locaux et à l’abattoir de M Fievet., vente des céréales au moulin Delehaye, livraison des betteraves sucrières à la gare de Bachy pour la sucrerie de Thumeries.
(Adroite, la ferme vue du champ en août 44 pendant la récolte de blé)

En septembre 1939, la France se préparait à la guerre suite à l’invasion de la Pologne par les allemands. C’était la mobilisation générale. Jules fut mobilisé et envoyé sur le front de l’Est de la France où se déroulèrent les premiers engagements.

Jules fut fait prisonnier au début de guerre, fin 1939, à Epinal et déporté en Allemagne pendant 5 ans. Pendant ces années, c’est son épouse qui exploita la ferme avec l’aide de son beau-père. Elle avait à charge deux jeunes enfants de 1 et 2 ans. Jules a été libéré le 15 juin 1945.

 

A son retour, il s’occupait surtout de la culture avec son équipage de 2 chevaux au rythme des saisons et de l’amplitude des jours, du lever au coucher du soleil.

 Il fallait plusieurs jours pour labourer un hectare avec une charrue à un seul soc et l’ensemencer. La récolte de blé était coupée en botte avec une moissonneuse-lieuse puis stockée à la ferme avant d’être battue l’hiver par un entrepreneur voisin. C’est son épouse qui soignait le bétail et assurait la traite des vaches. Pendant certaines périodes un rationnement était obligatoire par manque de lait. Puis la demande se faisant de plus en plus forte, le nombre de vaches a été augmenté.
(Adroite, Jules préparant ses chevaux)
La culture de l’endive a commencé en 1950. Cette culture était faite en partenariat avec les voisins. Le paysan fournissait la terre semée, le voisinage assurait les nombreux bras pour cette culture très manuelle. Les bénéfices étaient partagés à parts égales. Le produit était vendu « aux enchères » à l’un des nombreux courtiers qui prospectaient dans la journée.

Le premier tracteur est arrivé en 1969 (un Case de 35cv) avec une charrue à 2 socs. M Delporte s’est vite familiarisé avec sa conduite du tracteur Les semis se faisaient toujours avec les chevaux. Ceux-ci ont été abandonnés à son départ en retraite en avril 83.

Pendant sa retraite, il s’est surtout occupé de l’entretien des bâtiments et du matériel.

 

C’est son fils Michel qui a repris l’exploitation. Elle est maintenant gérée par son petit-fils Hervé depuis 1997. Depuis tout a changé, plusieurs tracteurs sont nécessaires et c’est toujours la course au temps malgré la mécanisation : récolte d’un hectare de céréales en quelques heures, deux heures pour labourer un hectare de terre, ….. Récemment, pour loger, le cheptel et répondre aux nouvelles normes, une étable moderne avec salle de traite  a été adjointe à l’exploitation.

Témoignage d’une ancienne famille sympathique de Bachy pour qui on espère une nombreuse descendance.

Photo : 

La ferme en janvier 2004,
au fond la ferme du Pont (M Henri Renard).

 

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